
Pour cette photo, il fallait faire ressortir le mystère, un peu de mélancolie et une touche de sensualité autour du personnage de Capucine.
La photo respecte la règle des tiers avec les yeux et la bouche positionnés sur trois points fort de l’image (intersection des tiers horizontaux et verticaux), c’est une façon traditionnelle de capturer l’oeil du spectateur. Le triangle formé par les yeux et la bouche est lui même circonscrit dans un autre triangle formé par la courbe du visage appuyé sur la fourrure, la joue et la frange. Cette répétition des formes l’une dans l’autre rappelle le modèle mathématique des fractals et apporte un début de mystère, nous sommes tenté de rechercher un troisième triangle ce qui a pour effet de piéger le regard.
Le mystère est renforcé par la position improbable et difficile à décoder du modèle qui est allongé sur le ventre avec une légère cambrure qui remonte les épaules par rapport au plan du corps et à la tête.
L’image est au format paysage dont l’effet est apaisant afin de compenser le dynamisme des triangles. Pour ce type de photo (sans les figures géométriques) le format carré aurait pu être préféré.
Pour respecter les couleurs complémentaires, il a été décidé que le rouge à lèvre devrait tirer légèrement sur l’orange pour répondre au bleu des yeux. Mais la dominance de rouge est le premier élément de sensualité.
Le second élément de sensualité est obtenu par le nu suggéré. Il n’est pas nécessaire de voir un sein ou une fesse pour savoir que le modèle est nu. Le simple fait de découvrir une partie du corps habituellement vêtue est un message que le cerveau interprète parfaitement. Cette nudité est soulignée par le collier de bakélite (toujours pour respecter les couleurs complémentaires en contraste avec la blancheur de la peau). Enfin, le regard plongeant dans celui du spectateur est un défi qui dans cette situation ne peut qu’être érotique.
Le travail du photographe consiste aussi à mettre le modèle à l’aise avec nous et avec lui-même, il doit aimer l’image qu’on lui renvoi pour pouvoir se sentir en domination de la scène afin que sa nudité ne soit pas perçue comme une soumission au désir du photographe mais un moment d’entente avec son corps et d’abandon. Généralement les photos de nus se font en fin de séance et correspondent à l’expression du désir du modèle. Elles sont le signe d’une complicité établie.